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La famille DECKER incarne une extraordinaire saga d'intégration, de talent artistique et d'héroïsme qui s'étend sur plus d'un siècle. En trois générations, cette famille issue d'un compositeur luxembourgeois et d'une Écossaise née aux Indes britanniques a profondément marqué l'histoire de Vannes et de la France, laissant un héritage dans la musique, la photographie, la politique et la Résistance française.
Théodore Decker (1851-1930), qui vient s’installer à Vannes en 1881, est l’ancêtre de cette lignée. Ce musicien luxembourgeois naturalisé français en 1895 compose le célèbre "Lauda Jerusalem" (Psaume 147), chanté aujourd'hui dans le monde entier. Son union avec Rosa Presgrave (de son nom complet : Rosa Caroline Edwards Presgrave), descendante du clan écossais Rattray et d'ingénieurs de l’armée coloniale britannique en Inde, créée une dynastie d'artistes, de résistants et de bâtisseurs qui marqueront durablement le Morbihan. De cette union naissent 14 enfants dont 10 atteignent l'âge adulte, formant l'une des familles les plus influentes de Vannes au XXe siècle.
Théodore Decker naît le 3 novembre 1851 à Larochette (Fels) dans le Grand-Duché du Luxembourg. Fils d'artisans (son père est boucher-boulanger), le jeune Théodore bénéficie d'une excellente formation musicale auprès de maîtres prestigieux : Johann Baptist Zinnen, dont le père a composé l'hymne national luxembourgeois, puis Heinrich Oberhoffer, organiste de la cathédrale de Luxembourg et théoricien musical réputé. Outre la musique et la composition, une formation complémentaire à l'École normale de Luxembourg prépare Théodore à l’enseignement.
À 23 ans, en 1874, Théodore Decker s'installe à Saint-Malo comme professeur de musique au collège jésuite de Dinard. C'est là qu'il rencontre Rosa Caroline Edwards Presgrave, jeune Anglaise d'origine écossaise qu'il épouse à Dinard en 1877. Le mariage, célébré selon deux rites (catholique et anglican), symbolise l'ouverture et le multiculturalisme qui caractériseront cette famille.
En 1881, le couple s'établit définitivement à Vannes où Théodore devient professeur d'anglais, d'allemand, d'orgue et de piano au prestigieux Collège Saint-François Xavier. Sa maîtrise de plusieurs langues (luxembourgeois, allemand, français, anglais) fait de lui un enseignant apprécié dans cette institution jésuite. Pendant près de cinquante ans, il marque la vie musicale vannetaise comme organiste, compositeur et pédagogue.
La contribution majeure de Théodore à la musique religieuse mondiale reste incontestablement le "Lauda Jerusalem" (Psaume 147), composé en 1891 pour un pèlerinage à Lourdes. Selon la légende familiale, Théodore Decker compose cette œuvre en une nuit, et les partitions sont imprimées en urgence par le typographe vannetais Lafolye pour être distribuées aux pèlerins dans les trains partant pour Lourdes.
Cette composition connaît un succès immédiat et durable. Plus de 130 ans après sa création, le "Lauda Jerusalem" continue d'être chanté dans les églises catholiques du monde entier, particulièrement lors du dimanche des Rameaux. Des enregistrements modernes existent sur Spotify, Deezer et l'Internet Archive. La mélodie, décrite comme possédant "une simplicité qui est toujours l'apanage du trait de génie, et une gravité solennelle contenant, avec grande émotion, une intense vibration jubilatoire intérieure", transcende les époques et les frontières.
Au-delà de cette œuvre emblématique, Théodore compose environ 200 œuvres : psaumes, cantiques, trois cahiers de pièces d'orgue, motets, un mystère de Noël, ainsi que des messes avec accompagnement d'orgue et d'orchestre. Sa collaboration avec le poète luxembourgeois Willy Goergen produit 115 mélodies sur des poèmes luxembourgeois, témoignant de son attachement à ses racines tout en s'intégrant pleinement à la culture bretonne.
En 1926, le Vatican décore Théodore de la médaille Pro Ecclesia et Pontifice pour ses services à la musique sacrée. Il décède à Vannes le 9 octobre 1930, à l'âge de 79 ans. La ville lui rend hommage en baptisant la Place Théodore Decker, située devant le Conservatoire de musique, un emplacement symbolique pour ce compositeur qui a enrichi le patrimoine musical breton.
L'histoire de Rosa Presgrave illustre le destin extraordinaire des familles coloniales britanniques au XIXe siècle. Née en 1857 dans les Indes britanniques, Rosa descend du clan Rattray, l'un des plus anciens clans écossais de Perthshire, dont la devise "Super Sidera Votum" ("Nos espoirs sont au-delà des étoiles") semble avoir guidé les destinées de cette famille aventureuse.
Duncan Presgrave (1785-1841), le grand-père de Rosa, est ingénieur et Mint and Assay Master (maître de la Monnaie) en Inde. En 1804, à 19 ans, il embarque sur le "Sovereign" pour l'Inde où il s'engage dans l'armée de la Compagnie des Indes. Sa principale réalisation reste la construction en 1828 du premier pont suspendu à poutrelles métalliques de l'Inde, sur la rivière Beas près de Sagar. Ce pont à travée de 200 pieds (environ 60 mètres) représente une prouesse technique pour l'époque, construit avec du fer produit localement. Promu Colonel, il est atteint d’une grave maladie en 1841. Il meurt le 11 juillet 1841 au Cap (Afrique du Sud) lors d'une escale de retour en Europe, terrassé par la maladie à 56 ans.
Duncan Kyd Presgrave (1828-1862), père de Rosa, naît à Saugor dans le Madhya Pradesh. Il intègre jeune les Cadets du Bengale où il étudie non seulement les sciences et la littérature européennes, mais aussi les langues, religions, philosophies et structures sociales indiennes. Promu Major, il commande le 8e régiment d'infanterie indigène basé à Peshawar. En 1849, il épouse Mary-Isabella Brooke (1833-1922), née sur l'île de Sainte-Hélène, fille d'un aumônier militaire. Le couple a six enfants dont Rosa. Tragiquement, Duncan Kyd meurt du choléra le 21 octobre 1862 à Peshawar, à seulement 34 ans, laissant sa jeune veuve avec six enfants dont Rosa, alors âgée de 5 ans.
Après la mort de son mari, Mary-Isabella Presgrave entreprend avec ses six enfants le long et périlleux voyage de retour vers l'Europe. Le canal de Suez n'étant pas encore construit (il sera inauguré en 1869), la famille doit contourner le Cap de Bonne-Espérance, voyage de plusieurs semaines en bateau.
La veuve choisit de s'installer non pas en Angleterre, mais à Saint-Enogat (aujourd'hui quartier de Dinard) en Ille-et-Vilaine. Ce choix s'explique par la présence d'une importante communauté britannique qui transforme Dinard en station balnéaire prestigieuse dès le milieu du XIXe siècle. Les Britanniques, attirés par le climat doux du Golfe Stream, la proximité de Saint-Malo et les coûts de vie plus avantageux qu'en Angleterre, construisent de magnifiques villas, établissent une église anglicane (St. Bartholomew's), et créent une véritable enclave britannique en Bretagne. Pour Mary-Isabella, retraitée des armées coloniales, cette communauté offre un réconfort psychologique et un réseau d'entraide matériel précieux pour élever ses enfants loin de leur pays d'origine.
C'est dans ce contexte que Rosa, cultivée, polyglotte et éduquée selon les standards de la bourgeoisie britannique, rencontre vers 1875 Théodore Decker, professeur de musique et de français. Leur mariage en 1877 unit deux parcours d'expatriation : lui venant du Luxembourg, elle des Indes via l'Écosse. Cette union interculturelle exceptionnelle pour l'époque donnera naissance à une fratrie nombreuse qui s'intégrera profondément à la société française tout en conservant la mémoire de ses origines multiculturelles.
Le couple Decker-Presgrave a 14 enfants entre 1878 et 1901, dont 10 atteignent l'âge adulte. Les deux aînés naissent à Saint-Malo, tous les autres à Vannes, témoignant de l'enracinement durable de la famille dans le Morbihan. Cette descendance nombreuse, même pour l'époque, devient un vecteur d'influence et d'intégration dans la société vannetaise.
L'un des aspects les plus remarquables de cette génération est que quatre des fils deviennent photographes, créant une véritable dynastie photographique dans l'Ouest de la France :
Francis Decker (1885-1975) s'installe à Vannes. Après une formation chez M. Bron à Nantes, il épouse en 1910 Georgette Cardinal, fille du photographe vannetais Gaston Cardinal. Paradoxalement, Francis ne reprend pas le studio de son beau-père mais celui d'Alexandre Laroche, au 10 rue du Mené, vers 1912. Sa signature "F. Decker" apparaît pour la première fois sur des cartes postales documentant la fête de la gymnastique à Vannes en juillet 1912. Mobilisé d'août 1914 à janvier 1919, il reprend son activité après-guerre, documentant par la photographie et les cartes postales le patrimoine vannetais et le pourtour du Golfe du Morbihan. Son fils Raoul (1912-1997) perpétue la tradition familiale en devenant photographe puis aquarelliste de renom, spécialiste des paysages du Golfe.
René Decker (1889-1957) s'établit à Vernon puis à Caen, au 67 rue Saint-Pierre. Mobilisé en 1914, il passe la Première Guerre mondiale au Maroc. Pendant l'Occupation, René joint l'acte à la conviction : dès l'automne 1940, il rejoint le réseau Hector, première organisation de Résistance du Calvados. Avec sa femme Yvonne et son fils Yves, il reproduit clandestinement des portraits du général de Gaulle et fabrique de faux papiers pour les réfractaires au STO. Arrêté le 9 octobre 1941, emprisonné en Allemagne, il est libéré faute de preuves le 15 août 1942. Malgré la surveillance, il reprend immédiatement ses activités de résistance jusqu'à la Libération.
Jacques Decker (1893-1945), surnommé "Jack", exerce à Évreux au 48 rue Victor-Hugo après avoir succédé au photographe Léon Jubier en 1926. Résistant déporté, il apprend à son retour la terrible nouvelle : son fils Paul, membre des Forces Françaises de l'Intérieur, a été fusillé par les Allemands le 21 août 1944 à Huest (Eure), à seulement 21 ans. Jacques, épuisé par la déportation et brisé par le deuil, meurt le 17 mars 1945 à Évreux des suites de sa déportation.
Jean Decker (1896-1945), le benjamin des quatre frères photographes, s'installe à Saumur au 43 rue Nationale. En juin 1940, lors de la bataille de Saumur, son commerce est détruit par les bombardements. Dès avril 1941, Jean rejoint le réseau Confrérie Notre-Dame fondé par son neveu Gilbert Renault (Colonel Rémy). Arrêté en novembre 1941, déporté dans un convoi parti de Compiègne le 8 mai 1943, il est envoyé au camp d'Oranienbourg-Sachsenhausen puis transféré à Buchenwald face à l'avance soviétique. Jean Decker meurt en déportation au printemps 1945 à Buchenwald, quelques jours seulement après la libération du camp, victime des conditions inhumaines. Son fils Jean-Jacques reprendra après-guerre le studio photographique paternel à Saumur.
La fille aînée de Théodore, Marie Fanny Rosa Decker (1879-1959), épouse un collègue de son père au Collège Saint-François Xavier : un professeur de philosophie et d'anglais nommé Renault. Cette union, fruit de l'endogamie socioprofessionnelle du corps enseignant, donne naissance à plusieurs enfants dont le plus célèbre sera Gilbert Renault, qui entrera dans l'Histoire sous le nom de Colonel Rémy.
Gilbert Étienne Léon Théodore Renault naît le 6 août 1904 à Vannes, petit-fils de Théodore Decker et de Rosa Presgrave. Aîné de neuf enfants, il grandit dans l'ambiance intellectuelle et cultivée du milieu enseignant vannetais. Son parcours illustre parfaitement comment les valeurs transmises dans la famille Decker - courage, engagement, ouverture au monde - se manifestent dans les heures les plus sombres de l'Histoire.
Cadre à la Banque de France et sympathisant de l'Action française, Gilbert Renault fait partie des tout premiers Français à refuser l'armistice de juin 1940. Dans la nuit du 18 au 19 Juin 1940, après l'Appel du 18 juin du général de Gaulle, il s'embarque avec l'un de ses frères sur un chalutier amarré à Lorient puis sur un cargo norvégien en direction de l’Angleterre. Il arrive à Londres le 22 juin et s’engage dans les Services secrets de la France Libre, décidé à poursuivre le combat.
De Gaulle le nomme chef de mission et lui confie une tâche cruciale : surveiller les mouvements ennemis le long de l'Atlantique. En novembre 1940, Gilbert revient clandestinement en France via l'Espagne pour constituer un réseau de renseignements. En janvier 1942, ce réseau prend le nom de "Confrérie Notre-Dame" (CND), placé sous la protection de la Vierge. C'est à cette époque qu'il adopte définitivement le pseudonyme "Rémy", qui le rendra célèbre.
Le réseau CND devient rapidement l'un des plus importants du Bureau Central de Renseignements et d'Actions (BCRA) de la France Libre. À son apogée, il compte 1 375 agents, auxquels s'ajoutent les 1 682 agents du réseau "Centurie" de l'Organisation Civile et Militaire (OCM) avec lequel la CND est en liaison étroite.
La méthode de recrutement du Colonel Rémy est pragmatique et efficace : il choisit ses agents en fonction des services qu'ils peuvent rendre dans le cadre de leur activité professionnelle normale. Cette approche permet au réseau de s'étendre dans toute la zone occupée jusqu'en Belgique tout en limitant les risques de découverte.
Les renseignements fournis par la CND sont d'une importance capitale pour les Alliés : surveillance des bases sous-marines allemandes de la côte Atlantique, informations permettant l'interception du cuirassé Bismarck en mai 1941, renseignements cruciaux pour le raid de Bruneval en février 1942 et l'Opération Chariot à Saint-Nazaire. Le réseau transmet également les plans de défense du Mur de l'Atlantique de Cherbourg à Honfleur, informations essentielles pour la préparation du Débarquement de Normandie.
Malgré son orientation politique personnelle à droite, Rémy noue des contacts avec l'ensemble des mouvements de Résistance de la zone occupée, convaincu que les divisions politiques doivent s'effacer autour de la personnalité du général de Gaulle. Il établit même des relations avec les Francs-tireurs et partisans communistes, privilégiant l'efficacité opérationnelle et l'unité nationale.
Le réseau subit deux catastrophes majeures. En juin 1942, une trahison entraîne 60 arrestations et 52 déportations. Rémy parvient à s'échapper en Angleterre le 17 juin 1942 sur le bateau de pêche "Les Deux Anges" parti de Pont-Aven, mais de nombreux membres de sa famille sont arrêtés, dont ses sœurs Maisie et Madeleine.
En novembre 1943, une nouvelle catastrophe frappe le réseau : la trahison de deux opérateurs radio ("Tilden" et "Alain") conduit à environ 100 arrestations. Le réseau est décimé. En décembre 1943, Marcel Verrière (alias "Lecomte") le reconstitue sous le nom de "CND-Castille" et poursuit les opérations jusqu'à la Libération.
Le bilan humain est lourd : sur les 1 544 agents des réseaux CND et CND-Castille combinés, 524 sont arrêtés, 234 déportés, 37 fusillés ou exécutés, et 151 meurent en déportation. Ces chiffres témoignent du courage et du sacrifice de ces hommes et femmes ordinaires transformés en héros.
Le général de Gaulle fait Gilbert Renault Compagnon de la Libération par décret du 13 mars 1942. Il reçoit également les plus hautes décorations militaires françaises (Commandeur de la Légion d'Honneur, Croix de Guerre, Médaille de la Résistance avec rosette) ainsi que des distinctions britanniques (Distinguished Service Order, Officier de l'Ordre de l'Empire Britannique), américaines et belges.
Après la guerre, Gilbert Renault tente d’œuvrer pour la réconciliation nationale des gaullistes et des anciens partisans du Maréchal. Pourtant très proche du général de Gaulle durant les années qui ont suivi la Libération, il rompt avec lui en 1950 après avoir publié un article prônant la réhabilitation du Maréchal Pétain, position controversée qui illustre à la fois sa croyance en la réconciliation chrétienne et sa complexité politique. Il devient cependant l'un des principaux mémorialistes de la Résistance, publiant plus de 100 ouvrages dont ses monumentales mémoires, la série "La Ligne de Démarcation" (adaptée au cinéma par Claude Chabrol), et de nombreux récits sur les réseaux de résistance. Ses écrits constituent des témoignages essentiels sur cette période.
Gilbert Renault meurt le 29 juillet 1984 à Guingamp et est enterré au cimetière de Kermouster à Lézardrieux dans les Côtes-d'Armor. Un boulevard de Vannes porte son nom de guerre, "Colonel Rémy", perpétuant le souvenir de ce petit-fils de Théodore Decker devenu l'un des plus grands héros de la France Libre.
Maisie (May) Renault, née le 13 décembre 1907 à Vannes et décédée le 7 avril 2003, incarne l'engagement discret mais essentiel des femmes dans la Résistance. Sœur de Gilbert, elle abandonne ses études en 1925 au décès de son père pour aider sa mère. Elle prend un emploi à la Banque de France de Vannes puis devient comptable pour une coopérative agricole.
Dès décembre 1940, Maisie s'engage dans le réseau Confrérie Notre-Dame créé par son frère. Elle rejoint le quartier général parisien rue Madame en décembre 1941. Son rôle est crucial mais invisible : elle trie les informations destinées à Londres, les hiérarchise par ordre d'importance, les transcrit en langage codé et fournit aux opérateurs radio les détails nécessaires à la transmission. Ce travail minutieux et dangereux nécessite une mémoire exceptionnelle, de la rigueur et un sang-froid à toute épreuve.
Le 13 juin 1942, Maisie est arrêtée avec sa sœur Madeleine Cestari. Malgré leur arrestation, elles parviennent à assurer la fuite de leur frère Gilbert, sauvant ainsi le chef du réseau. Durant son interrogatoire, Maisie ne révèle aucune information, préservant l'intégrité du réseau par son courage et sa détermination.
Emprisonnée successivement à la Santé, à Fresnes, à Romainville puis à Compiègne, Maisie est déportée le 15 août 1944 vers le camp de concentration de Ravensbrück. Elle arrive le 21 août 1944 dans cet enfer réservé aux femmes. Sur les 550 femmes de son groupe de déportation, seules 17 survivront. Maisie fait partie de ces miraculées.
Sa sœur évoque leur vie au camp de Royallieu avant la déportation : une pièce de 70 mètres carrés contenant 48 prisonnières, réunissant "des filles publiques et des aristocrates, des paysannes et des bourgeoises très collet monté, des ouvrières et des maîtresses d'école". Dans ces conditions extrêmes, les détenues maintiennent leur humanité : pour Noël 1942, elles fabriquent une crèche avec les maigres matériaux disponibles, Maisie étant particulièrement impliquée dans cette initiative qui maintient l'esprit de résistance même en captivité.
Libérée le 22 avril 1945 par les troupes soviétiques, Maisie est rapatriée via Copenhague et la Suède, rentrant à Paris en juillet 1945. Elle publie en 1948 son témoignage "La Grande Misère", qui remporte le Grand Prix Vérité. L'ethnologue et résistante Germaine Tillion, elle-même déportée à Ravensbrück, écrit à propos de cet ouvrage : "D'une scrupuleuse vérité, d'une émouvante sincérité, l'un des meilleurs témoignages jamais publiés sur Ravensbrück". Ce livre, réédité en 2015 par Flammarion avec une présentation de l'historien Christian Delporte, constitue un document historique majeur sur la déportation des femmes résistantes.
Décorée de la Légion d'Honneur, de la Croix de Guerre et de la Médaille de la Résistance, Maisie Renault vit jusqu'à l'âge de 95 ans, incarnant jusqu'à sa mort le 7 avril 2003 à Vannes le courage et la dignité des résistantes. La ville de Vannes honore sa mémoire en donnant son nom à une rue du quartier du Pargo.
L'engagement de la famille Decker-Renault dans la Résistance dépasse largement les figures de Gilbert et Maisie. Il s'agit d'un phénomène familial collectif d'une ampleur exceptionnelle, illustrant comment une famille entière peut s'engager dans la lutte pour la liberté.
Selon les témoignages familiaux, 202 mois d'emprisonnement ou de déportation ont été cumulés par l'ensemble des frères, sœurs, neveux et nièces Decker-Renault. Ce chiffre extraordinaire témoigne de l'intensité de l'engagement et des souffrances endurées.
Les morts de la famille sont nombreux et tragiques :
Jean Decker (1896-1945), oncle du Colonel Rémy, photographe à Saumur, rejoint la CND en avril 1941. Arrêté en novembre 1941, déporté le 8 mai 1943, il meurt au printemps 1945 à Buchenwald, quelques jours après la libération du camp, son corps épuisé ne résistant pas aux conditions inhumaines.
Jacques Decker (1893-1945), oncle du Colonel Rémy, photographe à Évreux, est déporté et revient en France épuisé. Il apprend alors que son fils Paul, membre des FFI, a été fusillé le 21 août 1944 à Huest par les SS allemands. Jacques ne survivra pas longtemps à cette double épreuve : il meurt le 17 mars 1945 à Évreux des suites de sa déportation.
Paul Decker (1923-1944), fils de Jacques, représente la troisième génération engagée dans la Résistance. Membre des Forces Françaises de l'Intérieur, il avait déjà été condamné le 28 avril 1941 par la Feldkommandantur allemande à un an et deux mois de prison pour possession d'armes, émission de nouvelles germanophobes et offense à l'armée allemande. Libéré, il reprend le combat et est finalement exécuté par les Allemands le 21 août 1944 à l'âge de 21 ans, quelques jours seulement avant la Libération.
Philippe Renault (1919-1945), frère de Gilbert et Maisie, membre du réseau CND-Castille, est déporté et meurt le 3 mai 1945 lors du bombardement tragique du Cap Arcona dans la baie de Lübeck-Neustadt. Ce navire, où les nazis avaient entassé des déportés, est bombardé par erreur par l'aviation britannique, tuant environ 7 000 prisonniers à quelques jours de la fin de la guerre.
D'autres membres de la famille survivent mais subissent l'emprisonnement et la déportation : Madeleine Cestari (née Renault, 1922-2016), arrêtée avec sa sœur Maisie, et Isabelle Guitard (née Renault), également déportée à Ravensbrück.
René Decker (1889-1967) illustre la chance et la détermination. Arrêté le 9 octobre 1941 et emprisonné en Allemagne (prisons de Wuppertal, Anrath, Trier, camp de Hinzert), il est libéré le 15 août 1942 faute de preuves - les Allemands n'ayant jamais découvert ses véritables activités. De retour à Caen, malgré la surveillance dont il fait l'objet, René reprend immédiatement son travail de résistance, fabriquant de faux papiers d'identité pour les réfractaires au STO jusqu'à la Libération. Il reçoit la Croix de Guerre 1939-1945 en 1946 et meurt en 1957, ayant échappé au destin tragique de ses frères.
Lorsque la Gestapo échoue à capturer le Colonel Rémy, elle se venge sur sa famille : sa mère Marie Decker et ses cinq sœurs sont arrêtées, deux d'entre elles (Maisie et Isabelle) étant déportées. Cette stratégie de terreur collective illustre l'importance que les nazis accordaient à la capture du fondateur de la CND, mais aussi le courage de ces femmes qui, malgré les menaces et les tortures, ne livrèrent jamais leur frère.
Charles Francis Théodore Decker, l'aîné des frères photographes, incarne une autre facette de l'héritage familial : l'engagement civique et le service public. Né le 3 août 1885 à Vannes, il traverse une grande partie du XXe siècle (il meurt le 18 mars 1975 à 89 ans), marquant durablement sa ville natale.
Après une formation rigoureuse chez M. Bron à Nantes et son mariage en 1910 avec Georgette Cardinal (fille du photographe Gaston Cardinal), Francis reprend en 1912 le studio photographique d'Alexandre Laroche au 10 rue du Mené. Il devient rapidement un "photographe d'art bien connu", documentant Vannes et le Golfe du Morbihan par la photographie et l'édition de cartes postales signées "Decker F." ou "Decker F. (coll.)".
Son travail photographique constitue aujourd'hui un témoignage précieux sur l'évolution de Vannes au début du XXe siècle. Les Archives départementales du Morbihan conservent un fonds important de plaques de verre aux formats 13x18 et 18x24 cm, documentant les sites naturels, les monuments, les ports, les places et les rues du pourtour du Golfe du Morbihan. Le fonds comprend également des portraits en studio, notamment de personnes en costumes traditionnels bretons, contribuant à la documentation ethnographique de la culture bretonne.
Élu maire de Vannes le 18 mai 1945 après que Sabine de la Barre de Nanteuil, élue par le conseil municipal, ait refusé la fonction, Francis Decker exercera ce mandat pendant vingt ans, jusqu'en 1965. Il est également conseiller général du canton de Vannes-Est de 1951 à 1970.
Son accession à la mairie intervient dans un contexte hautement symbolique : quelques jours seulement après la capitulation de l'Allemagne, alors que ses frères Jean et Jacques viennent de mourir en déportation, et que son neveu Gilbert Renault (Colonel Rémy) est l'un des plus grands héros de la France Libre. Francis, le frère resté à Vannes, représente la branche survivante et incarne la légitimité patriotique de la famille.
L'action de Francis Decker comme maire s'articule autour de deux axes apparemment contradictoires mais qu'il parvient à harmoniser avec talent :
La préservation et la valorisation du patrimoine. Francis Decker comprend avant beaucoup d'autres le potentiel touristique du patrimoine historique vannetais. Sa politique la plus emblématique consiste à programmer "l'achat et la destruction progressive de maisons, hangars ou bâtiments, qui cachaient la partie la plus remarquable et la mieux conservée" des remparts médiévaux. Cette stratégie révèle progressivement les fortifications qui font aujourd'hui la fierté de Vannes.
Il crée les Jardins de la Garenne au pied des remparts, jardin à la française d'environ 15 000 m² où sont plantés 30 000 fleurs annuellement. Inaugurés au début des années 1950, ces jardins offrent une promenade magnifique le long des remparts, devenant un lieu emblématique pour les Vannetais et les touristes. L'aboutissement de cette politique patrimoniale intervient peu après la fin de son dernier mandat avec la création du secteur sauvegardé de Vannes le 19 août 1966, garantissant une protection durable au centre historique.
Francis fonde en 1957 l'association "Les Amis de Vannes", préside le syndicat d'initiative en 1945, et crée les Fêtes d'Arvor, manifestation culturelle célébrant les traditions bretonnes. Cet engagement multiforme pour la culture et le patrimoine fait de lui l'un des "architectes de la protection et de la mise en valeur du patrimoine architectural, historique et culturel de Vannes".
Le développement économique et industriel. Parallèlement à son action patrimoniale, Francis comprend la nécessité d'assurer le développement économique de Vannes dans le contexte des Trente Glorieuses. Il initie la création de la Zone Industrielle du Prat, première zone industrielle de Vannes, dont la terre est achetée en 1962 (18 hectares initiaux).
Le coup d'éclat de ce développement intervient avec l'implantation de Michelin en 1962, dont l'usine ouvre en 1963. Cette usine, produisant des pièces métalliques pour pneumatiques de camions, devient le plus grand employeur privé de Vannes avec un pic d'environ 500-510 salariés. La Zone du Prat couvre aujourd'hui 188 hectares et accueille près de 500 entreprises. (Note : l'usine Michelin a annoncé sa fermeture en 2024, avec une cessation d'activité prévue en 2025-2026.)
Cette capacité à concilier préservation patrimoniale et développement économique témoigne d'une vision équilibrée et innovante du développement urbain, particulièrement remarquable dans le contexte de la reconstruction et de la modernisation de l'après-guerre.
La Rue Francis Decker est baptisée en 1975, l'année de sa mort, en hommage à "cet homme d'action qui, pendant de nombreuses années, fut le rénovateur et l'animateur de la cité vannetaise". Cette rue, anciennement "rue de l'Abbé" puis "rue des Douves de la Garenne", longe les jardins qu'il a créés, reliant ainsi symboliquement son nom à sa principale réalisation urbanistique.
Le Centre Hospitalier Bretagne-Atlantique (CHBA) comprend un Pavillon Decker abritant les services de Soins Médicaux et de Réadaptation (SMR) Gériatrique, témoignant de l'influence durable de Francis sur les infrastructures publiques vannetaises.
Son fils Raoul Decker (1912-1997) perpétue la tradition photographique familiale avant de devenir un aquarelliste talentueux, reconnu en France et à l'étranger pour ses représentations exceptionnelles des paysages et des lumières du Golfe du Morbihan. Jean-François Decker (1929-2011), cousin germain de Raoul, devient dessinateur autodidacte spécialisé dans le travail à l'encre de Chine, illustrant de nombreux livres sur le patrimoine culturel et les archives historiques de la région vannetaise.
Plus d'un siècle après l'arrivée de Théodore et Rosa Decker à Vannes, l'empreinte de cette famille reste profondément visible dans la ville et au-delà.
La Place Théodore Decker, située devant le Conservatoire à rayonnement départemental (installé dans l'ancien couvent des Carmes Déchaussés fondé en 1627), honore le compositeur luxembourgeois. Cette place centrale abrite également le Stade de la Rabine, temple du rugby vannetais qui accueille les matchs du Rugby Club Vannes. L'emplacement symbolique face au conservatoire crée une continuité entre l'héritage musical de Théodore et l'enseignement musical contemporain.
La Rue Francis Decker longe le jardin des remparts et la rivière Marle, témoignant de l'action municipale du photographe-maire qui a transformé Vannes. Anciennement "rue de l'Abbé", elle a été rebaptisée en 1975 en reconnaissance de l'homme "qui fit créer les jardins de la Garenne".
Le Boulevard Colonel Rémy perpétue le souvenir du petit-fils de Théodore devenu héros national, tandis que la Rue May Renault (quartier du Pargo) honore la mémoire de la résistante déportée à Ravensbrück.
Les Archives départementales du Morbihan conservent le Fonds Decker (14 Fi), constitué de plaques de verre documentant Vannes et le Golfe du Morbihan. Ce fonds, dont la reproduction est libre et qui est publiable sur internet, constitue une ressource précieuse pour les historiens et le public. Un inventaire réalisé en 2010 par Joseph Hémon et Monique Thureau permet un accès structuré à ces archives.
En 2011, Georges Rougerie (petit-fils de Francis) a autorisé la numérisation d'une sélection de tirages photographiques datant pour la plupart d'avant 1915, contenus dans trois albums de la famille. Ces vues sont consultables à la demande aux Archives départementales du Morbihan.
Le Conservatoire régional de la carte postale (Cartopole de Baud) conserve les cartes postales éditées par les frères Decker, accessibles via les sites cartolis.org et cartopole.org.
La collection CEDOM (Centre d'études et de documentation musicales) de la Bibliothèque nationale du Luxembourg a annoncé en 2024 que l'archive Théodore Decker a été inventoriée et rendue accessible en ligne. Cette collection comprend manuscrits musicaux, correspondance, documents biographiques, programmes de concerts et objets personnels du compositeur.
L'œuvre musicale de Théodore continue de vivre : le "Lauda Jerusalem" est régulièrement interprété dans les églises catholiques du monde entier, disponible sur les plateformes de streaming (Spotify, Deezer), et fait l'objet d'enregistrements et d'harmonisations modernes (notamment celle de Pierre Bagneris). L'Auditorium des Carmes, situé Place Théodore Decker, perpétue cet héritage musical par sa programmation artistique.
L'histoire de la Résistance intègre systématiquement les récits de la famille Decker-Renault lors des commémorations de la Libération et des journées du patrimoine. Les témoignages écrits, notamment "La Grande Misère" de Maisie Renault et les nombreux ouvrages de Gilbert Renault (plus de 100 publications), constituent des documents historiques majeurs pour la compréhension de cette période.
L'histoire de la famille Decker illustre un phénomène d'intégration remarquable. En l'espace de trois générations, une famille aux origines luxembourgeoises, écossaises et anglo-indiennes s'enracine profondément dans le sol vannetais au point de devenir emblématique de l'identité locale.
Le paradoxe apparent est que cette famille d'origine étrangère devient au XXe siècle l'une des plus françaises et des plus bretonnes qui soient. Théodore, venu du Luxembourg, compose de la musique religieuse qui enrichit le patrimoine breton. Rosa, Écossaise née aux Indes, élève ses 14 enfants dans la culture française. Leurs descendants servent la France jusqu'au sacrifice suprême dans la Résistance, cumulent 202 mois d'emprisonnement et de déportation, et quatre d'entre eux meurent pour la patrie française.
Ce multiculturalisme initial devient une force d'ouverture. Les Decker maîtrisent plusieurs langues (luxembourgeois, français, allemand, anglais), comprennent différentes cultures, et apportent à Vannes une dimension internationale tout en s'y intégrant totalement. La devise familiale héritée du clan Rattray, "Nos espoirs sont au-delà des étoiles", semble avoir guidé cette famille vers des destinées hors du commun.
Plusieurs valeurs caractérisent cette famille à travers les générations :
L'excellence professionnelle : Théodore comme compositeur et professeur, les quatre frères photographes avec leur maîtrise technique et artistique, Francis comme maire visionnaire, Gilbert comme chef de réseau de renseignements, Maisie dans son travail minutieux de codage.
L'engagement au service de la collectivité : Théodore par l'enseignement et la musique liturgique, Francis par ses mandats municipaux et son action pour le patrimoine, la génération de la Résistance par le sacrifice de leur liberté et parfois de leur vie pour la France.
La culture et l'art : de la musique à la photographie, de l'aquarelle au dessin, les Decker cultivent les arts et documentent leur époque, léguant un patrimoine culturel considérable.
Le courage et la résilience : face aux épreuves (guerres mondiales, déportation, deuils), la famille Decker manifeste une force de caractère exceptionnelle, incarnée par René qui reprend la résistance après sa libération, ou par Maisie qui survit à Ravensbrück.
En définitive, la famille Decker contribue à définir ce qu'est l'identité bretonne au XXe siècle : non pas une identité fermée et repliée sur elle-même, mais une identité ouverte, capable d'intégrer des apports extérieurs tout en conservant sa spécificité. Comme l'affirme Jean-Yves Le Drian : "Je suis fier de la manière dont les Bretons assument leur identité et de la posture territoriale d'ouverture et de collectivité."
Les Decker incarnent cette Bretagne "ouverte sur le monde" : un musicien luxembourgeois enrichit le patrimoine musical breton, une Écossaise des Indes élève une famille nombreuse qui s'intègre totalement, leurs descendants servent la France et Vannes, documentent le patrimoine, développent l'économie et préservent l'histoire. Cette trajectoire familiale montre que l'identité régionale se construit dans un dialogue entre tradition et innovation, entre ancrage local et ouverture au monde.
L'histoire de la famille DECKER, de Luxembourg et des Indes britanniques à Vannes, illustre comment des individus peuvent, par leur talent, leur courage et leur engagement, marquer durablement le territoire qui les accueille. En trois générations, cette famille a enrichi la Bretagne de contributions exceptionnelles dans la musique, la photographie, la politique locale et la résistance nationale.
Théodore Decker (1851-1930) apporte à Vannes une dimension musicale internationale avec son "Lauda Jerusalem" chanté aujourd'hui dans le monde entier. Rosa Presgrave (1857-1931) transmet à ses enfants les valeurs du clan Rattray : ambition, courage, ouverture. Leurs 14 enfants s'intègrent totalement dans la société vannetaise, quatre devenant photographes documentant le patrimoine, l'un devenant maire pendant vingt ans et transformant la ville.
La troisième génération paie le prix du sang pour la liberté de la France : Gilbert Renault (Colonel Rémy) fonde l'un des plus importants réseaux de renseignement de la Résistance avec 1 375 agents, sa sœur Maisie survit miraculeusement à Ravensbrück, Jean et Jacques Decker meurent en déportation en 1945, Paul Decker est fusillé à 21 ans, Philippe Renault périt dans le bombardement du Cap Arcona. Au total, la famille cumule 202 mois d'emprisonnement ou de déportation, un chiffre qui témoigne d'un engagement familial collectif sans équivalent.
Aujourd'hui, Vannes honore cette famille par sa toponymie : Place Théodore Decker devant le Conservatoire, Rue Francis Decker le long des remparts, Boulevard Colonel Rémy, Rue May Renault. Les archives photographiques des Decker documentent l'évolution de Vannes, le "Lauda Jerusalem" résonne toujours dans les églises, et les témoignages des résistants constituent des documents historiques majeurs.
Plus qu'une simple chronique familiale, l'histoire des Decker constitue un témoignage sur les processus d'intégration et les transferts culturels à l'échelle européenne. Elle rappelle que les familles, par leur diversité et leur audace, participent à écrire le récit collectif des territoires. Elle démontre qu'une identité régionale forte peut se construire par l'incorporation d'apports extérieurs, et que l'engagement pour le bien commun transcende les origines.
La devise du clan Rattray, "Nos espoirs sont au-delà des étoiles", résume parfaitement le destin de cette famille : parties de Luxembourg et des Indes britanniques, trois générations ont porté leurs espoirs au-delà des frontières, contribuant à façonner l'histoire d'une ville, d'une région, et d'une nation. Leur héritage, inscrit dans la pierre des rues vannetaises, dans les archives photographiques et musicales, et dans la mémoire collective de la Résistance, continue d'inspirer et d'enrichir la Bretagne du XXIe siècle.
L'aventure humaine de la famille DECKER prouve qu'avec du talent, du courage et un engagement au service du bien commun, on peut transformer l'histoire et laisser un héritage qui traverse les siècles.